JOURNAL DE MA CHAMBRE - Suzy Quiou est triste

JOURNAL DE MA CHAMBRE

Lettre à mon Édelweiss
(Suzy Quiou est triste)

Hi, my sweet and most beloved little babe. My tender Edelweiss. I miss you. Oui, mon Édelweiss, tu me manques. Yes, I do. So much, so much. Beaucoup et je suis triste. Non, non, I’m not going to complain. Non, mon p’tit cœur adoré. Je ne vais pas t’ennuyer avec mes ennuis. Qui sont grands, tout de même. Tu es si loin, maintenant. Si tu étais ici, ça ne passerait pas comme ça. Rien qu’avec le regard de tes yeux bleus, bleu glacier, tu réchaufferais mon cœur.
Tu sais bien comme j’ai été heureuse quand tu nous as annoncé que tu partais aux États, avec ton hippy chevelu-barbu-déjanté. J’ai pas dit junky, bien que je pourrais quand même… Vous vous étiez rencontrés près de Londres, à Camp climat, cette rencontre de tous les anarchos, libertaires du monde entier. Oui, du monde entier, même de Chine il en était venu, c’est dire ! Des « résistants civiques ». Ça courrait pas les rues du main stream d’alors. Mauvaise réputation. D’autant qu’en plus, il chantait des chansons de Bobby, de Woody, s’accompagnant à la guitare, belle voix. Ça nous a fait quelques belles soirées à la maison. Moi, j’étais sous le charme. Pas Fénicie. Elle a jamais aimé ce que toi tu aimais. Alors là, tu penses bien. C’est d’elle que je veux te parler. Attends seulement un peu.
Tu es donc partie aux États, d’abord à N.YC., au Village, où il avait des amis. Puis vous êtes descendus au sud, dans les États confédérés, à Charleston. Et vous y êtes. Et tu es heureuse. Tu t’es bien adaptée. Moi, quand j’y avais travaillé trois ans, pour ma boîte, dans le New Jersey (le « Garden State »), j’avais pas voulu y rester, question mentalité américaine, ça me convenait pas trop. Vous étiez grands déjà, majeurs et hors soucis (pour moi). Mais c’est pas de moi que je veux te parler. Non.
C’est de ta C.E.O (*) de sœur, Fénicie. Tu connais son mauvais caractère, voire même sa méchanceté. Je n’insisterai pas. Vous en a-t-elle fait baver, petits. Oui, car déjà à la mamelle, tu vois, elle tétait pas, elle mordait les tétons. Je m’obstinais, vue qu’allaiter, c’était mon obsession. Bref, on dit que ça saute une génération ? Deux. Deux générations que ça a sauté, on dirait qu’elle a bu le lait de son arrière grand’mère.
J’y viens, j’y viens hon. Avec le confinement, depuis plus de trois semaines, je reste chez moi. Eh bien, elle me fait espionner par les voisins. Elle me dit que, braque comme je suis, elle va me faire mettre au trou, dans le noir. Parce que ça lui plaît pas que je tienne mes volets fermés. Alors moi, j’ai peur, forcément. Parce que tu sais comment elle est : elle en est CAPABLE ! Oui, oui, tu me connais aussi. Suzy Quiou va faire de la résistance. Je vais pas me laisser faire, comme un agneau de Pâques à l’abattoir. Mais ce sera dur, vu mon âge (à risque, qu’ils disent !)  We shall see. Surtout, surtout ne va pas lui tweeter que je t’en ai parlé. Crainte des représailles.
Pour l’instant elle est sûrement heureuse, elle tient Népo, Proserpine et Pétronille sous les verrous dans leur béguinage de merde. Oui, ben j’ai jamais aimé. Toi non plus d’ailleurs.
Bon mon bébé adoré, je vais te laisser. Tu es confinée aussi, maintenant, vu que t’on président semble prendre conscience de l’ampleur des événements. Prends grand soin de toi et de ton toujours bien-aimé. We shall overcome, bientôt. J’espère.
I kiss you good bye  my sweet Edelweiss. 

Mom +++++

(*)C.E.O = Chief executive Officer, commandant en chef, pour ainsi dire. « hon » = honey

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