FIN D’UN VOYAGE ET DÉBUT D’UN AUTRE…

FIN D’UN VOYAGE ET DÉBUT D’UN AUTRE…
Nous avons battu le record de Xavier de Maistre puisque nous avons passé ensemble plus de 50 jours dans cette chambre, et cette chambre est belle grâce à vous tous, merci pour vos participations (304!), merci de nous avoir accompagné. Nous espérons vous retrouver bientôt et pour longtemps au théâtre et ailleurs, les portes s’ouvrent (ou disons s’entre-ouvrent), et nous allons quitter nos chambres, nous emportons avec nous notre désir d’utopies, c’est déjà un bon début.
Que l’air du ciel vous soit doux…

Nous laissons les derniers mots à Xavier de Maistre, voilà comment se termine son Voyage autour de ma chambre :  

Charmant pays de l’imagination, toi que l’Être bienfaisant par excellence a livré aux hommes pour les consoler de la réalité, il faut que je te quitte. — C’est aujourd’hui que certaines personnes dont je dépends prétendent me rendre ma liberté, comme s’ils me l’avaient enlevée ! comme s’il était en leur pouvoir de me la ravir un seul instant, et de m’empêcher de parcourir à mon gré le vaste espace toujours ouvert devant moi ! — Ils m’ont défendu de parcourir une ville, un point ; mais ils m’ont laissé l’univers entier : l’immensité et l’éternité sont à mes ordres.
C’est aujourd’hui donc que je suis libre, ou plutôt que je vais rentrer dans les fers ! Le joug des affaires va de nouveau peser sur moi ; je ne ferai plus un pas qui ne soit mesuré par la bienséance et le devoir. — Heureux encore si quelque déesse capricieuse ne me fait pas oublier l’un et l’autre, et si j’échappe à cette nouvelle et dangereuse captivité !
Eh ! que ne me laissait-on achever mon voyage ! Était-ce donc pour me punir qu’on m’avait relégué dans ma chambre, — dans cette contrée délicieuse qui renferme tous les biens et toutes les richesses du monde ? Autant vaudrait exiler une souris dans un grenier.
Cependant jamais je ne me suis aperçu plus clairement que je suis double. — Pendant que je regrette mes jouissances imaginaires, je me sens consolé par force : une puissance secrète m’entraîne ; — elle me dit que j’ai besoin de l’air du ciel, et que la solitude ressemble à la mort. — Me voilà paré : — ma porte s’ouvre : — j’erre sous les spacieux portiques de la rue du Pô ; — mille fantômes agréables voltigent devant mes yeux. — Oui, voilà bien cet hôtel, — cette porte, cet escalier ; — je tressaille d’avance.
C’est ainsi qu’on éprouve un avant-goût acide lorsqu’on coupe un citron pour le manger.
Ô ma bête, ma pauvre bête, prends garde à toi ! 



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