JOURNAL DE MA CHAMBRE - Suzy Quiou s’interroge
JOURNAL DE MA CHAMBRE
Suzy Quiou s’interroge : quel galimatias !
Oui, je sais, d’ailleurs certaines d’entre vous me l’ont dit. Je suis trop optimiste. Qu’on ait retrouvé Madame Covid, c’était bien. Fallait-il pour autant s’emballer béatement et croire que le combat était gagné ? Dur d’admettre que vous avez peut-être raison (sans doute, même, vu la tournure des événements depuis hier après-midi). Je suis comme ça, je saute d’abord dedans à pieds joints et je réfléchis ensuite. Encore que, quand même, avec l’âge (vous ne m’avez pas connue avant, ça se voit !) je deviens plus circonspecte. Mais c’est pas de moi que je viens vous causer.
Et d’abord, Madame Covid. Bon, on en parle un peu, en tout cas sur France Q. Mais elle, où est-elle ? C’est encore une ruse de son séquestrateur de mari, de laisser lâcher un LA, de temps en temps, pour montrer qui est brave, comme on dit dans le midi, et pendant ce temps-là, hein ? Vous ne vous êtes pas posé la question ? C’est grave, dites-donc. Pas de solidarité féminine, chacune tranquille au chaud dans son loft ? Va falloir que je m’en occupe, encore une fois. Mais là, ce n’est ni le lieu ni le moment. J’ai d’autres virus à fouetter, moi.
Parce que quel galimatias, quelle chienlit, comme aurait le Grand (ben Charles, pour sûr, pas le Magne, celui de l’Appel). J’en suis toute désorientée. Je ne m’y retrouve pas. Déjà, les écoles, les collèges, les lycées, les un.e.s ouvriront, promis juré, dès le 11 mai. C’est pas encore très net, mais on y réfléchit. Et la cantine ? Pas de cantine tout le monde en même temps. Et comment que les gamins feraient, pour manger avec un masque. Ils pourront l’enlever ? À voir. Et puis, pas de promiscuité : ils mangeront sur leur table de classe. D’ici qu’on leur fasse apporter leur gamelle comme pendant la guerre. Ah, je sais, vous avez pas connu, ça vous parle pas. Laissons tomber, ça prendrait trop de temps à vous expliquer. Et le temps presse.
Alors, le déconfinement. On va couper la France en deux, comme pendant la guerre, je vous dis, la ligne de démarcation (Nord d’un côté, Sud de l’autre – elle était poreuse, on pouvait sauter le pas, sans ausweis). Ça vous dit rien non plus ? Mémoire courte ! Qu’est-ce qu’ils vous ont appris en Histoire ?
Bon, là on va avoir une France bicolore: rouge et vert (non, pas noir, vous avez eu peur là, hein ?). Rouge, les méchants (c’est toujours les rouges, les pires). Vert, les bons. C’est vrai que le vert, c’est tendance depuis quelque temps. Une ligne Maginot mobile, flexible, mais d’Est en Ouest : un coup t’es d’un côté, mais en fonction du nombre de dévirussés, de plus contagieux tu tout, tu changes de secteur. La ligne Maginot, elle avait vite été enfoncée. Quand ça ? Mais en 39 ! 1939, ignares que vous êtes. Et vous savez ce qui était écrit dessus ? « On ne passe pas ». Sûr que ça leur a fait peur aux Teutons.
Vous croyez que le virus va pas la passer, la ligne mobile du front ? Parce que nous sommes en guerre, faut pas l’oublier.
Les masques. Ah, oui, les masques : obligatoires !!! Mais faudra les acheter. Tu parles d’un cadeau. Les acheter en pharmacie, mais pour l’instant, y’en a pas ! Non, ne riez pas, c’est comme le gel qu’il faut s’en laver et relaver les mains avec et bientôt, y’aura plus de savon de Marseille non plus. Nous vl’a mal barrés.
Les transports ? Mais de quoi vous parlez, là ? Les transports, à part les compagnies aériennes (les grosses) qu’on va renflouer vite fait, parce que l’industrie aéronautique, c’est la seule qui nous reste encore « in Hexagone », avec la navale et l’automobile. De quelle région à quelle région ? Vous pensiez qu’à 100 km c’était une wonderfull country ? Vous pensiez aller vous éclater aux Folies Bergères ? Même pas à Rennes, à Nantes, n’y songeons même pas. Les plages, mais non, c’est foutu aussi : on peut faire du sport solitaire, n’importe quand, n’importe où, mais se bronzer sur le sable, Aline, tu peux te rha biller encore un moment. Moi, je m’en fous, j’aime pas l’eau ! Remarquez, je voulais tenter la marche aquatique, ce printemps, mais je vais repousser.
Quant au culturel (théâtres, cinémas, opéras, concerts, fête de la musique, conférences, musées) ? Festivals repoussés (le FIL pourra pas célébrer son 50ème breton, c’est pour niquer la culture régionale). Et pourtant, vous le savez, la culture c’’est 7 % du PIB, plus que l’automobile. La culture c’est : premier touché, dernier sauvé !
Bon, je vais arrêter-là, parce que je n’y comprends plus rien. Si vous pouvez m’éclairer, n’hésitez pas.
Et vous savez quoi ? Je vais m’en jeter un avant le repas et un petit coup de limoncello après. Ouf, voilà enfin de bonnes nouvelles.
Suzy Quiou vous salue. À la prochaine, parce que c’est pas fini tout ça.
Oui, je sais, d’ailleurs certaines d’entre vous me l’ont dit. Je suis trop optimiste. Qu’on ait retrouvé Madame Covid, c’était bien. Fallait-il pour autant s’emballer béatement et croire que le combat était gagné ? Dur d’admettre que vous avez peut-être raison (sans doute, même, vu la tournure des événements depuis hier après-midi). Je suis comme ça, je saute d’abord dedans à pieds joints et je réfléchis ensuite. Encore que, quand même, avec l’âge (vous ne m’avez pas connue avant, ça se voit !) je deviens plus circonspecte. Mais c’est pas de moi que je viens vous causer.
Et d’abord, Madame Covid. Bon, on en parle un peu, en tout cas sur France Q. Mais elle, où est-elle ? C’est encore une ruse de son séquestrateur de mari, de laisser lâcher un LA, de temps en temps, pour montrer qui est brave, comme on dit dans le midi, et pendant ce temps-là, hein ? Vous ne vous êtes pas posé la question ? C’est grave, dites-donc. Pas de solidarité féminine, chacune tranquille au chaud dans son loft ? Va falloir que je m’en occupe, encore une fois. Mais là, ce n’est ni le lieu ni le moment. J’ai d’autres virus à fouetter, moi.
Parce que quel galimatias, quelle chienlit, comme aurait le Grand (ben Charles, pour sûr, pas le Magne, celui de l’Appel). J’en suis toute désorientée. Je ne m’y retrouve pas. Déjà, les écoles, les collèges, les lycées, les un.e.s ouvriront, promis juré, dès le 11 mai. C’est pas encore très net, mais on y réfléchit. Et la cantine ? Pas de cantine tout le monde en même temps. Et comment que les gamins feraient, pour manger avec un masque. Ils pourront l’enlever ? À voir. Et puis, pas de promiscuité : ils mangeront sur leur table de classe. D’ici qu’on leur fasse apporter leur gamelle comme pendant la guerre. Ah, je sais, vous avez pas connu, ça vous parle pas. Laissons tomber, ça prendrait trop de temps à vous expliquer. Et le temps presse.
Alors, le déconfinement. On va couper la France en deux, comme pendant la guerre, je vous dis, la ligne de démarcation (Nord d’un côté, Sud de l’autre – elle était poreuse, on pouvait sauter le pas, sans ausweis). Ça vous dit rien non plus ? Mémoire courte ! Qu’est-ce qu’ils vous ont appris en Histoire ?
Bon, là on va avoir une France bicolore: rouge et vert (non, pas noir, vous avez eu peur là, hein ?). Rouge, les méchants (c’est toujours les rouges, les pires). Vert, les bons. C’est vrai que le vert, c’est tendance depuis quelque temps. Une ligne Maginot mobile, flexible, mais d’Est en Ouest : un coup t’es d’un côté, mais en fonction du nombre de dévirussés, de plus contagieux tu tout, tu changes de secteur. La ligne Maginot, elle avait vite été enfoncée. Quand ça ? Mais en 39 ! 1939, ignares que vous êtes. Et vous savez ce qui était écrit dessus ? « On ne passe pas ». Sûr que ça leur a fait peur aux Teutons.
Vous croyez que le virus va pas la passer, la ligne mobile du front ? Parce que nous sommes en guerre, faut pas l’oublier.
Les masques. Ah, oui, les masques : obligatoires !!! Mais faudra les acheter. Tu parles d’un cadeau. Les acheter en pharmacie, mais pour l’instant, y’en a pas ! Non, ne riez pas, c’est comme le gel qu’il faut s’en laver et relaver les mains avec et bientôt, y’aura plus de savon de Marseille non plus. Nous vl’a mal barrés.
Les transports ? Mais de quoi vous parlez, là ? Les transports, à part les compagnies aériennes (les grosses) qu’on va renflouer vite fait, parce que l’industrie aéronautique, c’est la seule qui nous reste encore « in Hexagone », avec la navale et l’automobile. De quelle région à quelle région ? Vous pensiez qu’à 100 km c’était une wonderfull country ? Vous pensiez aller vous éclater aux Folies Bergères ? Même pas à Rennes, à Nantes, n’y songeons même pas. Les plages, mais non, c’est foutu aussi : on peut faire du sport solitaire, n’importe quand, n’importe où, mais se bronzer sur le sable, Aline, tu peux te rha biller encore un moment. Moi, je m’en fous, j’aime pas l’eau ! Remarquez, je voulais tenter la marche aquatique, ce printemps, mais je vais repousser.
Quant au culturel (théâtres, cinémas, opéras, concerts, fête de la musique, conférences, musées) ? Festivals repoussés (le FIL pourra pas célébrer son 50ème breton, c’est pour niquer la culture régionale). Et pourtant, vous le savez, la culture c’’est 7 % du PIB, plus que l’automobile. La culture c’est : premier touché, dernier sauvé !
Bon, je vais arrêter-là, parce que je n’y comprends plus rien. Si vous pouvez m’éclairer, n’hésitez pas.
Et vous savez quoi ? Je vais m’en jeter un avant le repas et un petit coup de limoncello après. Ouf, voilà enfin de bonnes nouvelles.
Suzy Quiou vous salue. À la prochaine, parce que c’est pas fini tout ça.