JOURNAL DE MA CHAMBRE - Suzy Quiou entre en Résistance
JOURNAL DE MA CHAMBRE
Suzy Quiou entre en Résistance
Eh oui, eh oui, eh ben, oui, oui, oui, Fénie, c’est bien moi, Fénie, Suzy Quiou, ta mère unique et pas très bien-aimée. Ça, figur’toi, Fénie, qu’ça fait quelques paires de décennies que j’l’sais. Va pas déjà t’énerver, Fénie. Ah ! c’est pas ça ? C’est parc’que j’t’appelle Fénie. Fallait l’dire plus tôt, mon aînée, ma veille fille. Non, non, ma fille la plus âgée, mais vieille fille quand même.
Comme ça, peu’t’être que tu t’imaginais, parc’que j’suis restée muette tout c’temps, qu’tu m’avais mise au tapis, K.O. pour le compte, comme q’y disent en boxistite. Ben non, tu vois – et tu verras encore longtemps, tant qu’le virus durera, et MÊME APRÈS – j’suis toujours là, j’me laisse pas abattre comme ça, j’ai toujours résisté, comme un roseau frêle, peu’t’être, mais pensant. Pour m’abattre, t’aurais dû viser plus juste. C’est vrai qu’miro com’ t’es, c’est pas facile pour toi ! T’as des excuses, je l’reconnais. Non, non, j’l’reconnais. Basta !
Mais c’est pas d’ta vue défaillante que j’viens t’causer. T’avais peut’t’être rêvé qu’ j’étais clamsée, déjà à Kerlétu, et qu’t’allais finalement – ENFIN ! - mettre la main sur l’héritage ? Ben, non, tu vois, t’as loupé ton coup, pour le coup. Ton coup a raté, comme dit la chanson. Laquelle ? La Carmagnole, pardi !
J’ai juste pensé q’tu t’rappelais pas qu’j’avais fait deux guerres, la civile outre- Pyrénées, et l’autre. Ah ! La ramène pas ! T’as toujours été ramenarde, même à l’article, tu la ramèn’rais encore. T’peux pas t’en empêcher. T’as l’clapet ouvert en permanence ! Tu vois, c’est ça que j’t’reproche le plus. Toujours sûre de ton bon droit, toujours à commander. À vouloir commander. C’est pas la même. Pour commander, faut avoir des « balls », et ça… ma pauvre Fénie, t’as jamais été à la hauteur de tes ambitions. T’as pensé arriver au sommet d’l’ Himalaya et t’as même pas pu t’faire les Monts d’Arrée. 385 mètres. Pfftt !
Tout ça pour te dire, et que tu t’l’mettes bien dans ta tête d’aspirante C.E.O. Oui, t’as bien entendu : C.E.O. (Chief Executive Officer), sorte de commandante en chef, quoi. Mais en fait d’commandante, tu n’règnes que sur tes trois autres embéguinés, qu’ont jamais osé mouf’ter. Mon Edelweiss et moi, on a vite pigé. Oui, je sais, Fénie, t’aime pas que j’aime mon Edelweiss. Ben c’est comme ça, Fénie, c’est pas à mes xxx années que j’vais changer et q’ça va changer.
Bon tout ça pour te dire que pour me faire mettre en taule, à Plœmeur, c’est râpé, vu la surpopulation, et q’j’ai pas commis de délit qui l’mériterait, l’internement, et q’l’intersyndicale du personnel l’a bloquée et qu’y z’ont foutu l’feu à des pneus d’vant l’entrée. Put…, ça craint, là. Allez-y les gars, faut q’ça saigne ! Ben là encore, tu t’l’fous jusqu’à la clavicule, le doigt dans ton œil (fais gaffe, faudrait pas q’t’en ait plus qu’un après). Peu’t’être que tu penses à Charcot ? Niet, niet, niet ! Parc’qu’à Charcot, j’y suis passée, vu qu’habite à côte, juste comme ça, en flânant, pour zieuter. J’ai, même pas pu monter l’escalier extérieur. Y sont complets d’chez complet, y laissent rien entrer, vu qu’il en sort pas un. Alors, va t’rhabiller. Si tu vois ce qu’j’mine.
Je rentre en Résistance, Fénie, comme en 40 ! Oublie pas q’j’y étais. V’la q’l’bon temps est enfin revenu ! J’ai deux ennemis à battre, toi et l’virus couronné.
Salut, Fénie, pass’un’bonne journée.
Suzy Quiou, la rebelle incarnée
Comme ça, peu’t’être que tu t’imaginais, parc’que j’suis restée muette tout c’temps, qu’tu m’avais mise au tapis, K.O. pour le compte, comme q’y disent en boxistite. Ben non, tu vois – et tu verras encore longtemps, tant qu’le virus durera, et MÊME APRÈS – j’suis toujours là, j’me laisse pas abattre comme ça, j’ai toujours résisté, comme un roseau frêle, peu’t’être, mais pensant. Pour m’abattre, t’aurais dû viser plus juste. C’est vrai qu’miro com’ t’es, c’est pas facile pour toi ! T’as des excuses, je l’reconnais. Non, non, j’l’reconnais. Basta !
Mais c’est pas d’ta vue défaillante que j’viens t’causer. T’avais peut’t’être rêvé qu’ j’étais clamsée, déjà à Kerlétu, et qu’t’allais finalement – ENFIN ! - mettre la main sur l’héritage ? Ben, non, tu vois, t’as loupé ton coup, pour le coup. Ton coup a raté, comme dit la chanson. Laquelle ? La Carmagnole, pardi !
J’ai juste pensé q’tu t’rappelais pas qu’j’avais fait deux guerres, la civile outre- Pyrénées, et l’autre. Ah ! La ramène pas ! T’as toujours été ramenarde, même à l’article, tu la ramèn’rais encore. T’peux pas t’en empêcher. T’as l’clapet ouvert en permanence ! Tu vois, c’est ça que j’t’reproche le plus. Toujours sûre de ton bon droit, toujours à commander. À vouloir commander. C’est pas la même. Pour commander, faut avoir des « balls », et ça… ma pauvre Fénie, t’as jamais été à la hauteur de tes ambitions. T’as pensé arriver au sommet d’l’ Himalaya et t’as même pas pu t’faire les Monts d’Arrée. 385 mètres. Pfftt !
Tout ça pour te dire, et que tu t’l’mettes bien dans ta tête d’aspirante C.E.O. Oui, t’as bien entendu : C.E.O. (Chief Executive Officer), sorte de commandante en chef, quoi. Mais en fait d’commandante, tu n’règnes que sur tes trois autres embéguinés, qu’ont jamais osé mouf’ter. Mon Edelweiss et moi, on a vite pigé. Oui, je sais, Fénie, t’aime pas que j’aime mon Edelweiss. Ben c’est comme ça, Fénie, c’est pas à mes xxx années que j’vais changer et q’ça va changer.
Bon tout ça pour te dire que pour me faire mettre en taule, à Plœmeur, c’est râpé, vu la surpopulation, et q’j’ai pas commis de délit qui l’mériterait, l’internement, et q’l’intersyndicale du personnel l’a bloquée et qu’y z’ont foutu l’feu à des pneus d’vant l’entrée. Put…, ça craint, là. Allez-y les gars, faut q’ça saigne ! Ben là encore, tu t’l’fous jusqu’à la clavicule, le doigt dans ton œil (fais gaffe, faudrait pas q’t’en ait plus qu’un après). Peu’t’être que tu penses à Charcot ? Niet, niet, niet ! Parc’qu’à Charcot, j’y suis passée, vu qu’habite à côte, juste comme ça, en flânant, pour zieuter. J’ai, même pas pu monter l’escalier extérieur. Y sont complets d’chez complet, y laissent rien entrer, vu qu’il en sort pas un. Alors, va t’rhabiller. Si tu vois ce qu’j’mine.
Je rentre en Résistance, Fénie, comme en 40 ! Oublie pas q’j’y étais. V’la q’l’bon temps est enfin revenu ! J’ai deux ennemis à battre, toi et l’virus couronné.
Salut, Fénie, pass’un’bonne journée.
Suzy Quiou, la rebelle incarnée