LA CHANSON DU DIMANCHE SOIR - FRÉHEL

 LA CHANSON DU DIMANCHE SOIR 

 Fréhel 

Le dimanche soir, je ne peux pas le voir en peinture. Littéralement.  Nous savons tous, au fond de nous-même, que le Radeau de la Méduse a été peint un dimanche soir et que Mona Lisa posait pour Léonard tous les dimanches soirs, ce qui explique le fameux sourire.  La Danse de Matisse, on voit tout de suite que ça a été fait un jeudi soir (parce qu’après jeudi, c’est vendredi et donc le week-end et donc tralala…), c’est flagrant. L'Angelus de Millet ?  Dimanche soir. Le Baiser de Klimt ? Jeudi soir.  Les Montres Molles ?  Dimanche soir. La Naissance de Venus ?  Jeudi soir.
(Le Jardin des Délices de Jérôme Bosch,  quant à lui, a été peint un soir de la semaine qui n’existe pas…)
Le dimanche soir donc, je n’ai jamais pu l’encadrer et depuis que tous les soirs c’est dimanche soir, ça ne s’arrange pas. Ça date de l’enfance. Jusqu’à 17h disons, ça allait, et bim !  tout à coup ça me tombait dessus. Le cafard. Alors, on me dira, tu étais une enfant (et quelle belle enfant!), tu n’aimais sans doute pas l’école et tu savais que le lendemain…  Mais tais-toi ! Ne va pas plus loin ! J’adorais l’école ! Ok ? L’école c’était ma raison de vivre, le sel de la terre, la lumière du monde, les Lois de la Gravitation Universelle comme s’il en pleuvaient, (nan je plaisante, c’est pas vrai, c’était nul…). 

Mais rien à voir avec ce qui me tombe dessus le dimanche soir alors que je ne vais même plus à l’école (ce qui serait bizarre à mon âge, convenons-en), ce « ciel bas et lourd qui pèse comme un couvercle sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis… », comme disait Charles (pas Aznavour, l’autre) dont la vie ressemble à s’y méprendre à un long dimanche soir.
Il a bien fallu trouver une antidote, et en ce qui me concerne, quelque chose de plus cafardeux que moi. Et quoi de plus cafardeux que la chanson réaliste des années 30 ? Et quoi de plus cafardeux qu’une chanson qui s’appelle « J’ai l’cafard » ? (à part Sombre Dimanche bien sûr, chanson dans laquelle on peut entendre « hurler la plainte des frimas », ce qui n’est pas rien.)
Alors il y a deux versions, celle de Damia ou celle de Fréhel, personnellement je préfère la version Fréhel, parce que petit un : elle roule les « r », petit deux : on entend le souffle de l’enregistrement et ça c’est épatant, petit trois : ça pourrait presque se danser comme une petite valse…
Ecoutons ensemble ce chef-d’oeuvre de mélancolie, laissons Fréhel porter seule et pour l’éternité ce Spleen qui nous étreint le dimanche soir, après on se sentira bien mieux.

Valérie


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J'ai l'cafard !

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