JOURNAL DE MA CHAMBRE - LETTRE À MA SERVANTE, GOUVERNANTE, CONFIDENTE
JOURNAL DE MA CHAMBRE
Lettre à ma servante, gouvernante, confidente
Parlez, je vous écoute. Parlez, vous ai-je dit.
Je ne vous entends point.
Muette, par le fait d’un virus, de surcroît couronné,
seriez-vous devenue ? Cela ne vous sied point,
Vous, dont le verbe haut vient souvent corriger
mes excès langagiers, les souvenirs cruels
qui viennent m’assaillir, qui troublent tous mes sens,
et qui me font pleurer.
Oui, je pleure, il est vrai, mais à vos yeux,
si prompts à chez moi déceler le moindre des tourments,
je tiens à les cacher et je pleure la nuit, et je pleure en secret,
dessus un oreiller, confident devenu.
Parlez, je vous écoute.
J’ouvre grand mes oreilles, mais vrai, je n’entends rien.
Non, pas le moindre son, pas la moindre syllabe
et pas le moindre cri ?
Parlez, enfin, je vous le dis !
Et ne me laissez point dans cette incertitude.
Vous n’êtes pas virussée, ni hospitalisée ?
Je sais bien tous les soins que de vous vous prenez.
Vaillante, il faut que vous soyez,
car ne l’oubliez point : vous êtes ma servante.
Et, si non mon esclave, cette servitude
doit répondre à mes vœux et venir les combler…
Mais que vois-je ? Par un geste, vous me faites comprendre
qu’il ne faut se parler qu’à deux mètres, le visage masqué ?
C’est une tragédie, un crime que les dieux ne sauraient tolérer.
Et laisser impuni. Par Zeus, par Jupiter ! Au secours, s’il vous plaît.
Au moins, vous écrivez ? Oui ?
S’il en est donc ainsi, écrivez, écrivez.
Lettre à ma servante, gouvernante, confidente
Parlez, je vous écoute. Parlez, vous ai-je dit.
Je ne vous entends point.
Muette, par le fait d’un virus, de surcroît couronné,
seriez-vous devenue ? Cela ne vous sied point,
Vous, dont le verbe haut vient souvent corriger
mes excès langagiers, les souvenirs cruels
qui viennent m’assaillir, qui troublent tous mes sens,
et qui me font pleurer.
Oui, je pleure, il est vrai, mais à vos yeux,
si prompts à chez moi déceler le moindre des tourments,
je tiens à les cacher et je pleure la nuit, et je pleure en secret,
dessus un oreiller, confident devenu.
Parlez, je vous écoute.
J’ouvre grand mes oreilles, mais vrai, je n’entends rien.
Non, pas le moindre son, pas la moindre syllabe
et pas le moindre cri ?
Parlez, enfin, je vous le dis !
Et ne me laissez point dans cette incertitude.
Vous n’êtes pas virussée, ni hospitalisée ?
Je sais bien tous les soins que de vous vous prenez.
Vaillante, il faut que vous soyez,
car ne l’oubliez point : vous êtes ma servante.
Et, si non mon esclave, cette servitude
doit répondre à mes vœux et venir les combler…
Mais que vois-je ? Par un geste, vous me faites comprendre
qu’il ne faut se parler qu’à deux mètres, le visage masqué ?
C’est une tragédie, un crime que les dieux ne sauraient tolérer.
Et laisser impuni. Par Zeus, par Jupiter ! Au secours, s’il vous plaît.
Au moins, vous écrivez ? Oui ?
S’il en est donc ainsi, écrivez, écrivez.
Votre maîtresse éplorée, à Lorient confinée.
Azucena
Azucena