JOURNAL DE MA CHAMBRE - BAUDELAIRE
Invitation au voyage
Un après-midi d’avril, dans notre chambre, alors que la seconde d’avant on parlait de tout autre chose, je ne sais pas ce qui m’a pris, je le jure, je dis comme ça à ma soeur :
- Mon enfant, ma sœur, songe à la douceur d'aller là-bas vivre ensemble, aimer à loisir, aimer et mourir, au pays qui te ressemble.
Elle m’a regardée bizarre et elle a dit : où ça ?
- Au pays qui te ressemble.
- Ah. Ben bon courage !
On a bu une gorgée de notre thé.
- C’est un poème ? a demandé ma soeur
- Oui
- De toi ?
- Oui, oui.
On a bu une deuxième gorgée de notre thé.
- Et il y a une suite ?
- J’y pense.
- Moi je mettrais quelque chose du genre : là, tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté.
- Où ça ?
- Ben au pays qui me ressemble.
- Bien sûr.
On a bu une troisième gorgée de notre thé, il refroidissait.
- On devrait écrire des poèmes plus souvent, a dit l’une d’entre nous.
- Oui, c’est vrai, je crois qu’on a un don, a dit l’autre.
Le chat est passé en courant.
- C’est l'esprit familier du lieu, a dit ma soeur en le montrant du doigt , il juge, il préside, il inspire toutes choses dans son empire, peut-être est-il fée, est-il dieu ? Je te ressers du thé ?
- Oui, volontiers. Merci.
- Je t’en prie.
Et depuis, quand j’y repense, je me dis qu’on a passé un super après-midi dans notre chambre.
Valérie (avec la précieuse aide de Baudelaire)
Un après-midi d’avril, dans notre chambre, alors que la seconde d’avant on parlait de tout autre chose, je ne sais pas ce qui m’a pris, je le jure, je dis comme ça à ma soeur :
- Mon enfant, ma sœur, songe à la douceur d'aller là-bas vivre ensemble, aimer à loisir, aimer et mourir, au pays qui te ressemble.
Elle m’a regardée bizarre et elle a dit : où ça ?
- Au pays qui te ressemble.
- Ah. Ben bon courage !
On a bu une gorgée de notre thé.
- C’est un poème ? a demandé ma soeur
- Oui
- De toi ?
- Oui, oui.
On a bu une deuxième gorgée de notre thé.
- Et il y a une suite ?
- J’y pense.
- Moi je mettrais quelque chose du genre : là, tout n'est qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté.
- Où ça ?
- Ben au pays qui me ressemble.
- Bien sûr.
On a bu une troisième gorgée de notre thé, il refroidissait.
- On devrait écrire des poèmes plus souvent, a dit l’une d’entre nous.
- Oui, c’est vrai, je crois qu’on a un don, a dit l’autre.
Le chat est passé en courant.
- C’est l'esprit familier du lieu, a dit ma soeur en le montrant du doigt , il juge, il préside, il inspire toutes choses dans son empire, peut-être est-il fée, est-il dieu ? Je te ressers du thé ?
- Oui, volontiers. Merci.
- Je t’en prie.
Et depuis, quand j’y repense, je me dis qu’on a passé un super après-midi dans notre chambre.
Valérie (avec la précieuse aide de Baudelaire)
