JOURNAL DE MA CHAMBRE - Mystère
Je sens poindre une légère angoisse ce matin : la journée qui commence sera sans doute la même qu'hier et quoiqu'elle ait été, moi, j'aime pas quand je sais ce qui va m'arriver… Mais tout à coup, le corps encore blotti sous ma couette, à chercher ce qui pourrait bien me donner envie d'en sortir, je réalise que la veille, il n'y a guère que mon ouïe qui m'ait rappelé que j'étais en vie. Pourtant j'en ai fais des trucs et des machins … Mais apparemment, j'étais pas vraiment là !
Je me réjouis d'imaginer alors qu'il me reste une belle palette de terrains à exploiter. Je repousse la couette avec de la générosité plein la tête.
Je file dans la salle de bains pour renifler ma petite collection de gels douche. Oh oui, pour aujourd'hui, ce sera noix de coco … Le jet d'eau se réchauffe. Je me faufile dessous avec avidité. Ouh attention ! Pas tout d'un coup, la peau, le toucher, je le garde pour plus tard. Je demeure cependant quelques dizaines de secondes à savourer l'attente exquise de ce que vont vivre mes vibrisses … Je presse le flacon pour faire couler le liquide odorant dans ma main et je frotte mes bras, puis mes épaules, mon buste, plus longtemps que nécessaire, jusqu'à ce que l'odeur me lasse. Alors je termine l'utile : se laver ! Et mon esprit déjà reprend le dessus. Je coupe l'eau et j'entends mes pensées revenir. Je les laisse faire. Et puis … je me mets à les écouter. Je sens bien que j'ai la trouille mais de quoi ? J'ai abandonné la panique sociale, enfermée dans mon chez-moi : A quoi bon me demander, autour de ce qui se passe dehors, ce dont je devrais avoir peur ou non puisque je ne peux agir sur rien ! Alors c'est quoi cette peur que j'entends piétiner là, timidement mais un peu partout dans mon corps quand même ?
Me voilà devant le miroir, les cheveux ébouriffés et dégoulinants… Ahhh …. Ah oui, c'est plus clair maintenant : j'ai peur de moi !
Pourtant, moi et moi, on se connait pas mal je crois. On gère plutôt bien, en temps normal, les moments de solitude et les moments avec les autres, notre équilibre « soi et image de soi », Une vie épanouissante et pleine de richesses ! Mais là, c'est la claque ce matin.
Déjà, je peux pas voir ma gueule dans le miroir ! Alors zou, mode « image de soi » activé. Je fais mon possible pour ressembler à quelque chose qui m'effraie moins en omettant sciemment, du mieux que je peux que … «paraître » ne changera rien à ce que je suis et que personne ne me fera croire aujourd'hui que je suis une autre que moi !
Héhé… Mais faut pas me la faire à moi ! J'ai beau faire comme si je pouvais ne vivre qu'avec l'image de moi, je me laisse rarement duper. Alors tout en appliquant soigneusement le fard sur mes paupières, j'entends ma trouille qui attend que je m'occupe d'elle. J'suis pas très motivée mais je sais qu'elle ne me lâchera pas si je ne l'écoute pas. Alors je lui prête une oreille attentive et patiente : est-ce que je vais réussir à m'aimer sans l'aide de quiconque. Et qui je vais découvrir en fait ? Quelle part de moi aurais-je perdue en réalisant qu'elle n'aura manquée à personne ? Quelle part de moi va disparaître quand il ne s'agira plus de mendier l'amour des autres ? Qui suis-je si je ne suis ni forte, ni indépendante, ni confiante ?
D'habitude, je suis plutôt une trouillarde c'est vrai mais je suis aussi très facilement excitée par la nouveauté et les défis.
Alors, je m'écoute pleurnicher en souriant, toute pleine de bienveillance que je suis en réalité : « Dis donc toi ? Bien sûr que t'en sais rien de ce que tu vas découvrir et que ça fout les jetons mais ohhh …. C'est pas toi, il y a une heure qui voulait pas te lever parce que tu ne sentais aucune surprise poindre à l'horizon de ce nouveau jour ? Je vois pas trop ce qui te fait peur en fait. Essaie d'arrêter de penser que rien ne sert à rien. Imagine, juste un peu : tu admets et acceptes qu'il n'y a aucun objectif à tes actions quotidiennes en ce moment alors tu mets ton besoin de te sentir utile et celui de verbaliser au repos et juste, tu te lâches. Tu fais …. Tu fais et tu vois … Tu découvres des nouveaux toi ! Tu crées !!! »
Allez savoir pourquoi, ça m'a semblé acceptable et excitant comme défi et la journée fut particulièrement surprenante. C'est fou et très généreux envers soi de se laisser faire des choses qui n'ont aucune vocation à servir ou à combler !
J'ouvre la fenêtre et pose ma main
Je sens sous mes doigts, le grain de la pierre enduite et fraîche.
Et un moment encore,
je savoure d'être en vie.
Je me réjouis d'imaginer alors qu'il me reste une belle palette de terrains à exploiter. Je repousse la couette avec de la générosité plein la tête.
Je file dans la salle de bains pour renifler ma petite collection de gels douche. Oh oui, pour aujourd'hui, ce sera noix de coco … Le jet d'eau se réchauffe. Je me faufile dessous avec avidité. Ouh attention ! Pas tout d'un coup, la peau, le toucher, je le garde pour plus tard. Je demeure cependant quelques dizaines de secondes à savourer l'attente exquise de ce que vont vivre mes vibrisses … Je presse le flacon pour faire couler le liquide odorant dans ma main et je frotte mes bras, puis mes épaules, mon buste, plus longtemps que nécessaire, jusqu'à ce que l'odeur me lasse. Alors je termine l'utile : se laver ! Et mon esprit déjà reprend le dessus. Je coupe l'eau et j'entends mes pensées revenir. Je les laisse faire. Et puis … je me mets à les écouter. Je sens bien que j'ai la trouille mais de quoi ? J'ai abandonné la panique sociale, enfermée dans mon chez-moi : A quoi bon me demander, autour de ce qui se passe dehors, ce dont je devrais avoir peur ou non puisque je ne peux agir sur rien ! Alors c'est quoi cette peur que j'entends piétiner là, timidement mais un peu partout dans mon corps quand même ?
Me voilà devant le miroir, les cheveux ébouriffés et dégoulinants… Ahhh …. Ah oui, c'est plus clair maintenant : j'ai peur de moi !
Pourtant, moi et moi, on se connait pas mal je crois. On gère plutôt bien, en temps normal, les moments de solitude et les moments avec les autres, notre équilibre « soi et image de soi », Une vie épanouissante et pleine de richesses ! Mais là, c'est la claque ce matin.
Déjà, je peux pas voir ma gueule dans le miroir ! Alors zou, mode « image de soi » activé. Je fais mon possible pour ressembler à quelque chose qui m'effraie moins en omettant sciemment, du mieux que je peux que … «paraître » ne changera rien à ce que je suis et que personne ne me fera croire aujourd'hui que je suis une autre que moi !
Héhé… Mais faut pas me la faire à moi ! J'ai beau faire comme si je pouvais ne vivre qu'avec l'image de moi, je me laisse rarement duper. Alors tout en appliquant soigneusement le fard sur mes paupières, j'entends ma trouille qui attend que je m'occupe d'elle. J'suis pas très motivée mais je sais qu'elle ne me lâchera pas si je ne l'écoute pas. Alors je lui prête une oreille attentive et patiente : est-ce que je vais réussir à m'aimer sans l'aide de quiconque. Et qui je vais découvrir en fait ? Quelle part de moi aurais-je perdue en réalisant qu'elle n'aura manquée à personne ? Quelle part de moi va disparaître quand il ne s'agira plus de mendier l'amour des autres ? Qui suis-je si je ne suis ni forte, ni indépendante, ni confiante ?
D'habitude, je suis plutôt une trouillarde c'est vrai mais je suis aussi très facilement excitée par la nouveauté et les défis.
Alors, je m'écoute pleurnicher en souriant, toute pleine de bienveillance que je suis en réalité : « Dis donc toi ? Bien sûr que t'en sais rien de ce que tu vas découvrir et que ça fout les jetons mais ohhh …. C'est pas toi, il y a une heure qui voulait pas te lever parce que tu ne sentais aucune surprise poindre à l'horizon de ce nouveau jour ? Je vois pas trop ce qui te fait peur en fait. Essaie d'arrêter de penser que rien ne sert à rien. Imagine, juste un peu : tu admets et acceptes qu'il n'y a aucun objectif à tes actions quotidiennes en ce moment alors tu mets ton besoin de te sentir utile et celui de verbaliser au repos et juste, tu te lâches. Tu fais …. Tu fais et tu vois … Tu découvres des nouveaux toi ! Tu crées !!! »
Allez savoir pourquoi, ça m'a semblé acceptable et excitant comme défi et la journée fut particulièrement surprenante. C'est fou et très généreux envers soi de se laisser faire des choses qui n'ont aucune vocation à servir ou à combler !
J'ouvre la fenêtre et pose ma main
Je sens sous mes doigts, le grain de la pierre enduite et fraîche.
Et un moment encore,
je savoure d'être en vie.